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Photo du rédacteurChristel Leys

L'agressivité


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Nous devons tous faire face à l’agressivité des autres et, soyons honnête, à la nôtre. Ça fait partie de la communication humaine, et c’est un phénomène « normal ».


Commençons par le début : qu’est-ce que l’agressivité ? C’est l’expression physique, verbale ou mentale de la colère d’une personne. Quand il y a agressivité, il y a donc colère. Une émotion bien connue qui se manifeste lorsqu’une personne estime qu’elle n’est pas respectée ou reconnue à son juste titre. Ce sentiment qui grandi en soi suite à un évènement doit sortir de soi, c’est le chemin normal des émotions (cfr. L’indépendance émotionnelle). Il y a plusieurs manières de manifester cette colère, ce qui signifie qu’il y a plusieurs formes d’agressivité, chacune résultant d’une gestion de la colère bien distincte.


Avant d’approfondir les formes d’agressivité, il faut savoir qu’elles peuvent être dirigées vers différentes choses : une autre personne, un objet, un concept, une catégorie de personnes,… etc. L’agressivité n’est donc pas uniquement sociale, car vous pouvez exprimer votre colère en shootant dans un meuble avec votre pied (objet), en manifestant contre le racisme (concept) ou en nourrissant une haine pour certaines personnes que vous stéréotypez (catégories de personnes).


Il faut également savoir que l’agressivité se présente de différentes manières. Elle peut être verbale directe (ex : insultes), verbale indirecte (ex : insinuations douteuses), physique (ex : coups) ou mentale (ex : manipulation, intimidation). L’agressivité mentale étant la plus sournoise car elle ne se voit pas. Dans ces cas-là, l’agresseur joue avec les complexes, les insécurités et les doutes de sa victime.


Nous pouvons distinguer 4 formes d’agressivité :

1. L’agressivité instrumentale. Je suis agressif dans l’optique d’obtenir quelque chose de la part de l’autre. Que ce soit pour prendre le dessus et asseoir une position de pouvoir, ou pour contraindre l’autre à suivre ma vision des choses. Cette forme d’agressivité est consciente et volontaire. Elle se présente habituellement quand l’agresseur craint d’être en position basse vis-à-vis de l’autre (cfr. Le prochain article : « Les positions de vie »). Il va alors prendre les devants en s’imposant par la force ou l’intimidation. Par exemple : un patron qui va se montrer très froid et sévère avec ses collaborateurs car il craint de ne pas être respecté si non.


2. L’agressivité réactionnelle. Je me sens agressé, alors je réagis également par de l’agressivité. Mon agressivité est une réaction à ce qui vient de m’arriver, je réponds sur le même ton que mon interlocuteur. C’est cette forme d’agressivité qui est présente dans la légitime défense. C’est également celle des enfants qui se disputent et qui se justifient avec « C’est lui qui a commencé ». Par exemple : Je reçois un baffe et, de colère, j’en rends une.


3. L’agressivité par frustration. J’ai accumulé de la colère et du stress que j’ai enfoui en moi car je ne savais pas (ou ne pouvais pas) la laisser sortir, et finalement une goutte d’eau va faire déborder le vase et là c’est l’explosion. C’est ce qu’on appelle le déchargement émotionnel (ça fera l’objet d’un futur article), et c’est souvent très mal compris par les autres qui le confondent avec de l’agressivité réactionnelle. Une petite chose va déclencher une grande réponse émotionnelle car, contrairement à ce que les autres croient, on ne réagit pas à cette petite chose mais on vide une grande quantité de frustration accumulée avec le temps. Par exemple : J’ai dû me montrer polie, souriante et courtoise au travail malgré les tensions, la pression, le stress, l’injustice, etc. que je ressens là. Une fois à la maison, je suis irritable et je m’énerve vite sur ma famille car toute la tension redescend et s’exprime enfin.


4. L’agressivité pathologique. Je suis sous l’emprise de l’alcool, de drogue ou de médicaments, ou j’ai une pathologie mentale qui m’empêche de raisonner de manière « normale ». Je vais être agressif pour une des trois raisons expliquée ci-dessus mais mon agressivité est exacerbée par la pathologie ou la substance que j’ai consommé. Je peux donc avoir un discours confus, une paranoïa, prendre les gens à témoin, et avoir un comportement destructeur. Par exemple : Après une opération, et toujours sous l’emprise de l’anesthésie, un patient se montre agité et violent envers le personnel médical.


Que faire si c’est moi qui est agressif ?

· Pour l’agressivité instrumentale, on vous a peut-être appris à imposer votre volonté pour obtenir ce que vous voulez mais ce n’est qu’une petite récompense à court terme. Au long terme, vous allez faire fuir les gens que vous côtoyez. Pour sortir de ce schéma et de ce rôle de bourreau (cfr. « Le triangle dramatique de Karpman »), travaillez votre confiance en vous et votre rapport à l’autorité.

· Pour l’agressivité réactionnelle, votre sang ne fait surement qu’un tour lorsque vous vous sentez agressé et vous réagissez à chaud avant d’avoir réfléchi. Même si ça vous permet de vous défendre, ça peut aussi vous créer des problèmes et vous desservir. Travaillez sur votre gestion de la colère (cfr. « L’indépendance émotionnelle ») et sur le maintien du sang froid.

· Pour l’agressivité par frustration, vous alternez entre des tensions internes car vous accumulez des émotions, puis de la culpabilité une fois que cette émotion s’est déversée sur quelqu’un ou quelque chose. C’est extrêmement fatiguant car ce sont des mécanismes émotionnels très énergivores. Travaillez sur le déchargement émotionnel (cfr. Un prochain article).


Que faire si c’est l’autre qui est agressif ?

· Pour l’agressivité instrumentale et pathologique, ne restez pas tout seul. Face à l’agressivité instrumentale, l’autre essaie d’être plus imposant que vous. En étant à plusieurs, vous diminuez ses chances de réussir. L’idéal est de réussir à rester calme et que l’autre reste calme aussi. Si c’est possible, en discutant, essayez de le raisonner. Si votre vie ou votre santé sont en danger, ne jouez pas les héros ça n’en vaut pas la peine. Pour l’agressivité pathologique, l’autre n’est pas en mesure d’être raisonné là tout de suite donc la priorité est qu’il ne se blesse pas lui-même ni quelqu’un d’autre. Être à plusieurs pour le maitriser ou le surveiller le temps qu’il se calme sera très utile.


· Pour l’agressivité réactionnelle, gardez à l’esprit que l’autre s’est senti agressé et il est en train de se défendre. Il sera donc tout à fait possible de discuter avec lui et d’essayer de comprendre son point de vue, à la condition que vous mainteniez un esprit ouvert vis-à-vis des perceptions de l’autre. En effet, il a peut-être ressenti de l’animosité là où vous n’en voyez pas, et pour rétablir le calme ce sera important de dialoguer sans entrer dans des critiques et sans se braquer dans ses positions.


· Pour l’agressivité par frustration, vous tombez au mauvais endroit au mauvais moment, vous êtes celui qui reçoit tout le déchargement émotionnel de l’autre. Se fâcher sur l’autre ne sert à rien car il culpabilise surement déjà d’agir ainsi. Par contre, ne rien dire ne sert à rien aussi car vous pouvez être celui qui fait remarquer à l’autre qu’il y a un souci. Dans le cas d’un burnout, par exemple, il n’est pas rare que la personne déverse sa frustration à la maison et ne s’en rende qu’à moitié compte, jusqu’à ce que ses proches lui fassent remarquer.


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